Une gendarmerie adaptée à l’ère du numérique

Mis à jour le 13/10/2020

L’action du ministère de l’Intérieur s’inscrit dans la stratégie nationale pour la sécurité du numérique. Annoncée le 16 octobre 2015 par le premier ministre, celle-ci dispose : « la France développe un usage du cyberespace conforme à ses valeurs et qui protège la vie numérique de ses citoyens. Elle accroît sa lutte contre la cybercriminalité et l’assistance aux victimes d’actes de cybermalveillance ». La mise en œuvre de ce plan d’actions ministériel vise à atteindre 3 objectifs stratégiques : mieux anticiper le phénomène cybercriminel et accompagner les victimes de cybermalveillance, mieux dialoguer avec les acteurs cyber et adapter le cadre juridique national et international.

Face à un monde hyperconnecté et aux nombreux dangers liés à la cyberdélinquance, la gendarmerie renforce ainsi sa réponse à travers son maillage d’enquêteurs spécialisés.
En 2020, la gendarmerie nationale développe sa chaîne « cybergend », un réseau d’enquêteurs spécialisés en nouvelles technologies et présents au sein des différents échelons territoriaux.

Au sein du groupement de gendarmerie départementale de la Lozère, à Mende, l’adjudant-chef Mathieu Sabadel est le spécialiste des technologies numériques. Depuis 2012, il est titulaire d’une licence professionnelle Enquêteur Technologies Numériques (N'TECH) dispensée à l’université de technologie de Troyes. Mise en place en 2010, cette formation propose à la fois un cursus à l’université, des cours au Centre national de formation de police judiciaire (CNFPJ) et un stage de six mois auprès d’un centre N’TEC. « L’objectif est de faire un vrai travail de terrain pour être prêt, réactif, opérationnel et efficace tout de suite quand on rejoint un centre départemental ou une brigade » explique le gendarme N’Tech, chargé de trois missions : vulgariser les problématiques techniques que les enquêteurs font remonter, analyser l’ensemble des objets numériques que les gendarmes peuvent saisir dans le cadre de leurs enquêtes et rechercher des preuves.

L’objectif est de collecter des preuves et des indices dans le cadre d’une enquête et traquer les cyberdélinquants. Dans le cadre d’un maillage en réseau efficace sur le plan national, le cybergendarme travaille en collaboration avec le département informatique et électronique du laboratoire d’analyse de la gendarmerie, l’institut de sciences forensiques qui englobe sur un même site toutes les technologies et sciences concernant la recherche de la vérité scientifique au procès pénal. Il collabore étroitement avec le Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N), l’unité d’investigation de pointe.  « Il faut rester humble car la technologie et les pratiques évoluent sans cesse. Il faut s’organiser du temps pour se mettre à jour et rester efficace », rappelle l’adjudant-chef Mathieu Sabadel.

Chaque jour, le cybergendarme peut intervenir dans plusieurs domaines : le trafic de stupéfiants, les prédateurs sexuels sur les réseaux, la diffusion et détention d’image pédopornographique, le chantage à la sex cam, les CryptoLocker … Le quotidien est parfois difficile et il faut faire preuve d’une réelle prise de recul face à la violence de certaines pratiques et images. Un suivi psychologique est d’ailleurs mis en place pour les cybergendarmes. L’adjudant-chef Sabadel, lui, veut rester positif : « on cible souvent sur internet ce qui ne va pas, mais il ne faut pas oublier que c’est tout le savoir du monde qui est accessible sur internet ».
Outre la formation de personnels de brigade et l’animation d’un réseau de correspondants présents sur l’ensemble du département de la Lozère, un travail de sensibilisation auprès de la jeunesse est réalisé tout au long de l’année par le référent cybercriminalité du groupement de gendarmerie départementale de la Lozère et les cybergendarmes. En 2019, 1500 jeunes de 11 à 17 ans ont été sensibilisés dans les établissements scolaires à travers le dispositif « les dangers d’internet 2.0 » L’opération « Permis internet » réalisée par le ministère de l’intérieur auprès des écoliers du CP au CM2 (6-10 ans) remporte également un vif succès. Aussi, plusieurs soirées sont consacrées à la sensibilisation du monde économique au travers des chambres consulaires.

« Il ne faut pas avoir peur de pousser la porte d’une brigade quand on est victime de cyberdélinquants » rappelle le référent cybercriminalité lozérien. Pour déposer plainte en cas d’actes de cybercriminalité ou de cybermalveillance, les internautes peuvent en effet se rendre dans la brigade de gendarmerie de leur choix.

Le site www.internet-signalement.gouv.fr est un service qui permet à tout citoyen de signaler n'importe tel contenu, trouvé sur internet, jugé illégal, inapproprié ou choquant. Le service est géré par la plateforme PHAROS (mixte Police-Gendarmerie). Chaque signalement est vérifié et renvoyé vers les autorités compétentes le cas échéant.

Le service www.cybermalveillance.gouv.fr explique de manière ludique, les principales menaces issues du monde numérique. Il dispose d'une section pour les particuliers et une pour les professionnels. Des fiches de bonnes pratiques, des conseils et des outils sont disponibles.